la croze - saint-martin-du-mont
|
Fouille de l'abri en 1913 - Au centre, l'abbé J. Tournier
Tête d'échassier gravée
© B. Vivier |
L’abri s’ouvre en rive droite du Suran (hameau de Châteauvieux), dans la petite gorge empruntée par la route de Soblay. Suite à la découverte par la Société de Géographie de l’Ain de plusieurs ossemements de grande taille, trois campagnes de fouille furent réalisées en 1884. Ces opérations permirent d’identifier, à la base de l’éboulis, un foyer auquel étaient associés plusieurs silex taillés et restes de faune.
Les travaux se poursuivirent en 1913 sous la direction de J. Tournier et T. Costa de Beauregard qui évaluèrent la couche archéologique à une épaisseur de 40 cm sur une superficie de 44 m². Les vestiges récoltés, qui comprennent un peu plus de 2000 pièces lithiques, une riche série d’industrie osseuse, quelques éléments d’art mobilier et des datations C14 permettent d’attribuer l’occupation à la phase moyenne du Magdalénien (- 14 500 BP). Une des particularités de ce site est l'absence de lamelles à bord abattu. Cette carence décrit un décalage important avec les données d’autres sites du Jura méridional où elles représentent une part importante de l’outillage lithique. Elle pourrait être le reflet d'une spécialisation fonctionnelle de cette occupation. La proportion très élevée de burins mais aussi de gros perçoirs ("becs") par rapport aux autres catégories d’outil pourrait ainsi induire une orientation particulière des activités centrée sur le travail des matières osseuses et des bois de cervidés. L’art mobilier de ce gisement est représenté par trois galets gravés en calcaire figurant des têtes d’oiseau dont une probable partie supérieure du corps d’un cygne ou d’une oie sauvage, une tête d’échassier et une ébauche de représentation de rapace. Bec (opposé à un grattoir) très caractéristique de l'outillage lithique retrouvé dans l'abri.
© B. Vivier |