Dès - 800 000 ans
Paléolithique inférieur/moyen |
Quelques rares pierres taillées récoltées en surface depuis la fin du XIXème siècle signalent une présence ancienne de l’Homme (galets aménagés - chopping-tool). De par le caractère fortuit de ces découvertes, il est toutefois diffcile de préciser leur position chronologique. D’autres outils, des bifaces, découverts à Ambérieu-en-Bugey et à Douvres, témoignent de techniques de taille plus évoluées des roches dures. De forme très souvent lancéolée ou ogivale et de symétrie bilatérale, ces outils pouvaient être multifonctionnels et servir à couper de la viande, racler des os ou scier du bois. |
Biface de Douvres - © B. Vivier
- 300 000 à - 40 000 ans
Paléolithique moyen |
Plusieurs découvertes informent du passage de l'Homme de Néandertal dans l’Ain, mais les témoignages matériels restent très pauvres. Des silex taillés et façonnés, essentiellement des éclats retouchés et des racloirs caractéristiques, ont été retrouvés à l’est du département, en grotte, à La Tessonière (Ramasse) et à La Chênelaz (Hostias), située à 900 mètres d’altitude, ainsi qu’en surface, à Noblens (Villereversure) et sur d’autres points du département. C’est à sa frontière, à Gigny-sur-Suran (Jura), que nous trouvons les preuves les plus concrètes de sa présence. Dans la grotte de La Balme, ce sont quatorze niveaux anthropiques relatant son passage régulier qui ont été mis au jour.
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Racloir déjeté de La Chênelaz (Hostias) - © B. Vivier
Grotte de La Chênelaz (Hostias) - © G. Béreiziat Crâne d'ours - Grotte de La Chênelaz (Hostias) -
© B. Vivier
© B. Vivier
- 40 000 à - 12 000 ans
Paléolithique supérieur |
Cheval gravé de La Colombière(Neuville-sur-Ain) -
© R. Desbrosse Tête de cygne ou d'oie sauvage gravée de La Croze (Saint-Martin-du-Mont) -
© B. Vivier |
Le premier peuplement de la région par Homo sapiens se déroule après la dernière grande glaciation, il y a 15 000 ans. Cette phase pionnière contemporaine de la culture magdalénienne se déroule dans un contexte environnemental froid, peu arboré, de type toundra sibérienne.Les premières installations s'observent sur les bords de l’Ain à La Colombière (Neuville-sur-Ain) et du Suran à La Croze (Châteauvieux, Saint-Martin-du-Mont). La Colombière, site connu bien au-delà des frontières régionales, a notamment livré plusieurs œuvres d’art mobilier exceptionnelles, des galets et os gravés sur lesquels s’enchevêtrent de multiples figurations animalières (mammouth, renne, ours, rhinocéros laineux, bœuf musqué, cheval, élan, bouquetin, chamois et félin) ainsi qu'une représentation anthropomorphique.Elle fut la première à avoir été découverte pour le Paléolithique supérieur.
Entre 13 000 et 12 700 ans avant le présent, une deuxième phase de peuplement intéresse des espaces qui étaient restés jusqu’à présent inhospitaliers. Dans le sud du Bugey, les grottes des Romains (Virignin) et des Hoteaux (Rossillon) ont notamment accueilli pendant plusieurs siècles de grands groupes nomades. Le peuplement s’intensifiera jusqu’à l’avènement des nouvelles entités post-glaciaires (culture azilienne), à la faveur d’un net réchauffement climatique, il y a 12 500 ans, Elements de parure des Hoteaux (Rossillon) © B. Vivier
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Cerf bramant gravé sur un bois de renne percé des Hoteaux (Rossillon) - © B. Vivier
Abri de La Colombière (Neuville-sur-Ain) - © R. Desbrosse
Grotte des Hoteaux (Rossillon) - © B. Vivier
- 12 000 à - 6 000 ans
Epipaléolithique et Mésolithique |
Microlithes découverts sur le site de plein air des Charmes (Sermoyer) - © B. Vivier
La culture azilienne signe la fin du Paléolithique supérieur. Dans quelques sites, notamment à l’abri Gay (Poncin), les témoignages matériels montrent des changements dans les comportements techniques et artistiques qui coïncident avec une transformation assez radicale du biotope et le remplacement des faunes froides par les faunes tempérées forestières.
La période qui suit, comprise entre 10 000 et 5 500 ans avant le présent, correspond au Mésolithique. Elle est représentée dans le département par une vingtaine de sites (Charmes à Sermoyer, Thuys I à Arbignieu ; grotte de Souhait à Montagnieu ; Culoz…). Bien qu’entrecoupée par des épisodes froids, cette phase est influencée par l’augmentation du couvert végétal et par la poursuite du changement du spectre faunique dominé dorénavant par le cerf, le chevreuil, le sanglier et l’aurochs. Cette évolution s’accompagnera d’une adaptation des méthodes de chasse et d’une modification du système social. Galet peint azilien découvert à l’abri Gay (Poncin) - © R. Desbrosse
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- 6 000 à - 2 200 ans
Néolithique |
Fragments de tessons portant un décor typique du Néolithique ancien trouvés dans la grotte du Gardon (Ambérieu-en-Bugey) - © J.-L. Voruz
Sépulture collective mise au jour sur le site de Sous-la-Chaume (Ambérieu-en-Bugey) - © Inrap
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Les témoignages du Néolithique sont essentiellement présents en grotte à l’exception du site plein air de Géovreissiat/Derrière le Château, des dernières fouilles préventives et de quelques trouvailles isolées. Les plus anciennes traces s’observent dans la grotte du Gardon (Ambérieu-en-Bugey). Plusieurs couches montrent une fréquentation répétée d’un petit groupe de personnes qui ont laissé sur place des restes fauniques, des outils en silex et en os, ainsi que des fragments de céramique. L’intérêt de ces niveaux réside dans la coexistence des premiers paysans et des derniers groupes non-sédentaires du Mésolithique, une alternance très peu observée en Europe.
D’autres grottes de la région ont abrité des lieux de vie comme celle de l’Abbaye (Chazey-Bons), qui montre une succession de sols d’occupation matérialisés par plusieurs foyers et des empierrements. Une utilisation différente des cavités comme petite nécropole s’observe sur plusieurs points du sud du Jura. A Montagnieu, dans la grotte de Souhait, ce sont une dizaine de tombes qui ont été découvertes. En 2017, une opération réalisée Ambérieu-en-Bugey, Sous-la-Chaume, a permis de mettre au jour une trentaine de tombes datées vers 4300 avant J.-C., apportant des informations inédites sur les pratiques funéraires du début du Néolithique moyen. A Saint-Vulbas, En amont du projet d’aménagement du Parc Industriel de la Plaine de l’Ain, la fouille étendue sur une emprise de 35 000 m² a livré une nécropole monumentale néolithique dite de « Passy » ainsi que des enclos funéraires protohistoriques. |
- 2 200 à - 50 ans
Protohistoire |
Jarre à cordon digité de l'Age du Fer (Grande Croix, Beynost) - © Musée de Brou, Bourg-en-Bresse
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Relativement peu documentés dans le département jusque dans les années 1950-1960, les recherches de ces dernières décennies ont permis des avancées considérables pour la connaissance des âges du Bronze et du Fer. Les sites du Pré de la Cour à Montagnieu, de la grotte du Gardon à Ambérieu-en-Bugey, de la grotte du Pic à Songieu et du gisement plein air de Derrière le Château à Géovreissiat sont, par la qualité des recherches et des publications, considérés comme des références pour la compréhension de l’âge du Bronze au niveau régional.
Cette connaissance est venue s’étoffer par la découverte récente de deux gisements de plein air importants aux abords de Bourg-en-Bresse et à Pont d’Ain. Au lieu-dit Chantelarde à Saint-Just, la découverte en 2010 de plusieurs occupations datant du Bronze final et de l’âge du Fer, sur 2,6 hectares, dans le cadre du contournement nord-est de Bourg-en-Bresse, revêt une importance majeure dans son contexte local et régional. Ce site se compose au total de 1300 structures liées à des installations domestiques. A cheval sur les communes de Pont d’Ain et de Saint-Jean-le-Vieux, sur les 50 hectares de la future zone d’activité de Pont-Rompu, les recherches préventives ont mis au jour des sépultures datant de l’âge du Bronze et du Fer ainsi que des traces antérieures datant du Néolithique moyen |
Trous de poteau d'un bâtiment du site protohistorique de Saint-Just/Chantelarde - © Pranyies et Garnier, 2011